Ca y est, c'est le jour J, on est le 17 octobre 2006 et les danois de The Movement vont faire leur première date parisienne au Glaz'Art dans le cadre d'une programmation Guerilla-Asso !
Un peu fébrile le gars, d'autant que des horaires contradictoires (19h sur le flyer et 20h sur le site de la salle!) font qu'on passe notre fin de journée à speeder en pure perte, c'est un peu ballot! Et totalement de ma faute, mea culpa maxima au centuple ! Regroupement désordonné donc de la fine équipe devant le Glaz'Art ou l'on tombe directement sur Lukas, le guitariste-chanteur, sortant acheter du Ricard, visiblement un souvenir majeur pour cette première mini-tournée hexagonale! Décontractée prise de contact bien préparée de longue date par email et rencard quasi-direct en backstage pour cette interview ! En revanche on a vraiment eu du mal à se comprendre! C'est qu'un francophone baragouinant un anglais de pacotille moyennement à l'aise en situation rencontrant un réservé danois anglophone mais avec un accent du bled profond allié à un timbre vocal grave et rocailleux bouffant tous les mots que l'on ne décèle absolument pas quand il chante, ben y'a eu des silences lourds d'incompréhension mutuelle! J'en ai oublié de lui reparler du 17 octobre, c'est couillon, d'autant qu'il avait été très interessé par ce meurtre d'état et m'avait dis vouloir faire un truc spécial pour l'occasion ! Déstabilisé le gars, y'avait un moment que je n'avais pas pratiqué l'exercice! Une intéressante mise en jambes et répétition générale pour la suite des activités, hé hé hé!!!


Eric Freidhe : Pour commencer une rapide bio des Movement et aussi de l'avant Movement, vous n'êtes plus vraiment de très jeunes musiciens !
Lukas Scherfig : eh oui, nous avons la trentaine maintenant! Avant The Movement nous jouions tous dans des groupes de Rock' n Roll! Nous avons fondé le groupe en 2000 en tournant comme combo de première partie puis nous avons sorti en 2003 notre premier album intitulé "Move" et ensuite "Revolutionnary Sympathies" en 2005.

- EF : Il me semble que vous avez déja joué au festival de Roskilde, non ?
- LS : oui, devant 50 000 personnes il y a quelques années !

- EF : Et la réaction d'un aussi vaste public face aux Movement ?
- LS : très bonne, enthousiaste! On était aussi booké dans le cadre du "Deconstruction Tour Europe" et avec une promo bien faite, c'était grand!

- EF : Le troisième album est pour bientôt ?
- LS : nous démarchons actuellement des labels suite à notre départ de chez Destiny Records. Le label, qui est un indépendant de taille moyenne, est devenu trop petit par rapport à notre développement,les budgets ne pouvaient plus suivre, nous n'arrivions plus à progresser alors que nous sommes devenus professionnels depuis un peu plus de deux ans, la situation était devenue critique.


- EF : Vous n'allez pas signer sur une major tout de même ?
- LS : ce n'est pas exclu, on verra bien.

- EF : A la manière des Jam ou du Clash ?
- LS : yeah !

- EF: Ca vous agace que l'on vous compare systématiquement aux Jam ou aux Clash ?
- LS : j'aime beaucoup ces deux groupes, particulièrement pour leur mélange de chansons militantes et de chansons d'amour comme on apprécie de faire! En règle générale, les militants sont plutôt de piètres musiciens ! Nous préférons ne pas être seulement un groupe politique, jouer bien, et avoir au répertoire des chansons toutes simples sur le quotidien, les relations sentimentales et tout ce qui fait la vie! Nous faisons de la musique pour chaque être humain, politisé ou pas !

- EF : J'ai l'impression que vous délaissez vos Influences Ska du premier album alors que j'aime beaucoup "Control your temper" !
- LS : oui, un petit peu, c'est vrai! C'est de ma faute en tant qu'auteur et compositeur, je veux entrainer The Movement vers la Soul! Cette influence vient moins à présent quand chez moi je prend ma guitare, mais je ne suis sûr de rien, va savoir! J'ai beaucoup donné pour le troisième album, l'inspiration était très diverse, vers d'autres styles mais en définitive beaucoup plus Soul.

- EF : Donc il y aura des cuivres avec vous pour la prochaine tournée ?
- LS : oh yeah! On aimerait beaucoup !

- Ronan RHM : le prochain album sera aussi disponible en vinyl ?
- LS : les deux formats, CD et LP.

- EF : tu connais des groupes français ?
- LS : oui, Les Partisans ! J'ai une compilation avec"Planet Marx" !


- EF : On vient de parler musique, parlons un peu politique à présent ! Tu imagines bien qu'on ne sait pas grand chose de la politique danoise, mis à part la tolérance des autorités envers une radio et un parti ouvertement nazi...
- LS: oui... Et aussi de gros partis de droite et d'extrême-droite parlementaire. Comme dans les années 70 en Angleterre, l'électorat ouvrier danois s'est reporté sur l'extrême-droite tandis que les sociaux-démocrates restaient sans réaction... Je n'aime vraiment pas les sociaux-démocrates pour cette raison, ils sont censés représenter la gauche mais des qu'ils se heurtent au capital, ils font de suite machine arrière et donnent de l'argent public aux capitalistes ! Et le même système gouverne partout en europe...

- EF: Etes-vous encartés dans un parti ou un syndicat ?
- LS: je ne suis pas adhérent d'un parti mais je suis syndiqué! La gauche danoise est désunie et tant qu'il n'y aura pas un grand parti regroupant Communistes, Verts et même certains Socialistes, les choses ne changeront pas. C'est aussi le propos de The Movement en tant que groupe d'individus différents. Nous jouons en soutien pour des Anarchistes en Allemagne par exemple comme nous jouons pour des Socialistes si dans leur coin ils font du bon boulot! Nous avons également joué dans de nombreux squatts, pour des Centres Sociaux de Madrid et Barcelone ou encore au Pays Basque.

- EF : Vous considérez vous avant tout en tant que groupe politique ou plutôt musical ?
- LS: tu sais, j'ai commencé la musique uniquement pour la musique, simplement parceque j'aimais les Who, les Rolling Stones, le style. Le social est venu bien après! Au danemark on nous voit clairement comme un groupe très politisé, en Espagne nous sommes plutôt perçus en tant que combo smart, en Allemagne plus en tant que groupe politisé attirant aussi des Skinheads.

- EF: Une déclaration pour le public d'ici ?

- LS: euh, j'en sais rien! See you soon? Merci beaucoup pour l'interview! (rires!)


Pas très inspiré prémonitoirement par le public parisien le gars, ben le public lui a bien rendu, la foule des grands soirs ne s'étant pas déplacée au Glaz'Art, à peine une grosse centaine de personnes et un seul relou bourré, au moins c'était calme, on avait de la visibilité !
Quatre groupes au programme pour huit euros, un tarif très raisonnable dans des conditions techniques par contre très moyennes. Je me doute bien que l'architecture du lieu ne le rende pas facile à sonoriser mais de la à pousser le son à donf' pour tenter de masquer les flagrantes imperfections de rendu sonore, c'est peut-être pas le plus finaud à faire! Et merde aussi pour le verre de schweppes à 3.20 euros! Ah ben pour ce prix la t'as une paille hein!
Premier groupe en lice Chépa, du Punk à crête, pas trop fait attention, suivi par Union Jack, un trio sauvage bien en place ayant lui aussi laissé tomber le son Ska-Punk pour un classique Punk-Rock à deux voix, bref du pêchu qui monte dans l'underground alors que d'autres creusent, hi hi hi!
En troisième position les danois de The Breakers pour un set mélodique très marqué British Beat mais malheureusement dépourvu de clavier, ça manque cruellement! Dommage, d'autant qu'au p'tit jeu de la cover, leur version du classique des Who "Substitute" est admirable d'authenticité !
23h tapantes ou presque, les têtes d'affiche déboulent, ça se resserre un peu devant la scène ! Après une longue intro préenregistrée de type zapping radio, le trio arrive en costards et fait parler la poudre direct avec "Karl Marx"! On a célébré ça en dégainant une p'tite surprise, deux drapeaux rouges de tailles respectables frappés de la faucille et du marteau, le groupe a visiblement adoré! Suivront environ 1 heure d'allégresse avec tous les tubes des deux albums impeccablement servis par d'excellents musiciens avec une mention spéciale au nouveau batteur d'une classe monumentale! Trois rappels octroyés avec en apothéose "truth is", ma favorite du groupe, c'est pas faute de l'avoir réclamée! Thanks Lukas!
Juste le temps d'une photo souvenir et d'un chaleureux au revoir à l'entourage du groupe et la sécu nous jarte prestement de la salle, il est 0h30, on s'offre encore un long conciliabule sur le trottoir, histoire de bien être sûr qu'on va décider un truc et que les taxis qu'on arrête vont tous faire plein d'autres trucs mais en tout cas pas banlieue Nord, pour que des âmes charitables nous rapatrient @ home, fatigués mais jouasses comme c'est pas permis! Des vrais gosses ! 3h30, demain sera vraisemblablement une rude journée dans l'entrepôt...
En bonus comme annoncé, des p'tites vidéos de fan qui pixellisent dru à cause des éclairages mais au son tout à fait correct, de jolis souvenirs quoi !





Website The Movement: http://www.themovement.dk/ (MP3 complets et clips vidéos en libre téléchargement)

Projet intégralement protégé par licence Creative Commons


Propos recueillis par Eric Freidhe, photos et films par Ronan RHM,à Paris, Glaz'Art, le 17 octobre 2006)
Amicalement publié par toutes les parties le 25 octobre 2006 en exclusivité sur le site Red Head Man !